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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/67

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même compagnie, de la deuxième, il s’en souvenait. Qu’avaient-ils dû penser tous deux avant de mourir, sachant qu’il conduisait ces cohortes barbares ; qu’il avait employé contre ses frères d’armes d’autrefois les connaissances puisées au milieu d’eux ?… Puis, au tournant du boulevard, près du Vaudeville, c’était un corps de femme qu’il voyait étendu ; et il la reconnaissait : c’était celle à laquelle il pensait tout à l’heure.

— Suzanne ! murmura-t-il, continuant son rêve.

Il ne l’avait connue que sous ce nom.

Mais le son de sa voix l’éveilla, et honteux il se secoua énergiquement.

— A quoi vais-je penser là, fit-il, des regrets, maintenant !… c’est écrit ; je ne suis que l’instrument de Dieu… d’abord, nous n’allons pas à Paris de suite, et quand nous y serons… qui sait ?… ce qui doit arriver, arrive !

Et pendant qu’il se livrait à ces réflexions, qu’étaient bien loin de soupçonner tous ceux qui se prosternaient devant lui, les fêtes continuaient à Kouka, d’où avaient été expulsés les négociants européens qui s’y étaient établis l’année précédente et les nombreux juifs qui les y avaient suivis.