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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/139

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mée par les escadres, à la droite des bâtiments italiens et français.

L’amiral Effendi se chargeait d’agir sur ces derniers.

Les Danakils partant du rivage seraient chargés de torpiller l’autre partie de la ligne formée des vaisseaux anglais, et Zérouk avait pris les précautions les plus minutieuses pour que chacun des plongeurs connût bien son objectif de direction.

Son ardeur était décuplée à l’idée qu’il avait en face de lui la flotte britannique et que la première partie de sa vengeance allait s’accomplir.

Ah ! on l’avait poursuivi comme une bête fauve parce qu’il était misérable, dupé, volé dans ses inventions parce qu’il était pauvre, mis au ban de la société parce qu’il avait tué pour manger !

On lui avait refusé une place au soleil dans le pays où il était né : il allait se tailler lui-même cette place, et à coup de foudre.

Et les compatriotes qui l’avaient méprisé, traqué, banni, ne se doutaient guère que ce minuscule exilé allait être l’instrument d’un désastre sans précédent dans l’histoire de la marine anglaise.

Il allait être le rat qui perce le trou fatal dans la carène du bâtiment.

À cette pensée, il avait des tressaillements d’orgueil et quelquefois s’oubliant à parler tout haut il disait :

— « Les compagnons sont contents de moi ! »

Il avait sous ses ordres six cents plongeurs intrépides.

Plusieurs nuits de suite il les avait exercés à flotter invisibles, chacun d’eux poussant devant lui la torpille noyée entre deux eaux, et toujours ils avaient pu arriver dans le voisinage des bâtiments sans avoir été aperçus.

Un soir même, de Melval ayant accompagné Omar sur la plage à la nuit tombante les avait vus avec une surprise inquiète se mettre à l’eau et s’éloigner du bord sans bruit par un rapide mouvement des bras.

Plusieurs progrès avaient été réalisés :

La planche de liège sur laquelle ils s’étendaient à plat ventre, avait été munie d’une fausse quille pour assurer sa