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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/175

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éveillée à mille idées nouvelles sur ce sol fabuleux où il avait été transporté d’une façon surnaturelle.

Puis l’aérostat était arrivé au-dessus de Médine, ville sanctifiée par la mort de Mahomet, et Saladin avait jeté l’ancre sur le dôme même de la mosquée où reposait la dépouille du Prophète.

Et, de ce jour-là, datait pour Mata l’émotion la plus vive qu’il eût jamais ressentie, car plusieurs nuits de suite, il avait vu Saladin descendre sur la coupole emportant des fils supendus à la nacelle et se livrer autour de la flèche, qui la surmontait, à une besogne mystérieuse. L’interprète n’interrompait son travail que pour appeler, et une voix sourde lui répondait de l’intérieur de la coupole.

Était-ce celle du grand Prophète revenant à la vie pour assister au pèlerinage fantastique qui se préparait ?

Mata n’était pas éloigné de le croire.

En même temps et pour ajouter au mystère de ces entrevues nocturnes, une trépidation s’était fait sentir sous les pieds des passagers, comme si la nacelle elle-même eût été agitée d’un tremblement religieux.

Et le nègre qui ignorait la présence à bord d’une puissante machine électrique, et attribuait ce phénomène vibratoire à l’influence de Mahomet, avait conçu, pour l’homme capable d’évoquer cette ombre trois fois sainte, une superstitieuse admiration.

Mais dès la première heure de son retour au camp du Sultan, son désir de revoir Alima avait chassé toutes ces secrètes terreurs ; avec quelle ardeur il aspirait au moment où il entourerait de ses bras nerveux sa douce compagne ; mais, toujours fidèle esclave de sa consigne, le nègre ne songea pas un instant à abandonner la garde de l’ancre pour courir à la tente d’Alima ; il attendait que le Maître le relevât.

Ce serait à la fin de la nuit sans doute, et immobile comme une statue de bronze, les yeux dirigés vers la tente de l’officier français, Mata ne bougea plus.

Saladin, ayant tout mis en ordre à bord de la nacelle, descendit, et le nègre le vit entrer dans la tante la plus proche, celle du prince Omar.

Elle était vide : le traître n’y trouva que le Soudanais