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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/263

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mout, du Djof, du Soleyel et de l’Assir accoururent sur son passage ; ils avaient tout quitté pour apporter, à celui qui leur apparaissait comme un second Mahomet, le concours de leurs bras, et dans le camp du Sultan les cadeaux s’accumulaient, témoignages naïfs de l’enthousiasme de ces peuples.

C’étaient les dattes et le cafier, les produits les plus précieux de l’Arabie Heureuse. Les dattes, fruit nourricier de l’Arabe, dont on compte plus de cent trente variétés dans l’Hedjaz, le cafier, fève aromatique du pays de Kaffa, dont elle a gardé le nom et qui a rendu célèbre le petit port de Moka.

Les chameaux affluèrent dans le camp de la Garde noire, et le Sultan en profita pour former un corps de vingt mille volontaires montés sur des dromadaires de race, à l’instar de ce qu’avaient fait Bonaparte en Égypte et les Français en Algérie. La province du Nedjed, appelée fréquemment la « Mère des chameaux », en avait fourni le plus grand nombre.

L’Arabie est d’ailleurs la première patrie de ce précieux animal, et les envoyés chargés de présenter au Maître les animaux dont les tribus lui faisaient hommage, ne manquaient pas de vanter leurs qualités particulières. Le pays d’Oman fournissait les plus rapides et les montagnes d’Hadramout les plus intelligents.

Et comme un jour de Melval n’avait pu réprimer un sourire, en entendant un Arabe faire de longs récits à son chameau, comme si ce dernier pouvait le comprendre :

— Si tu n’étais pas aussi ignorant des mœurs de ces populations, lui dit Omar, populations dont la force d’expansion était merveilleuse à l’époque de Mahomet, tu saurais que, d’après la légende, le chameau et le dattier furent créés par Allah de la même terre qu’Adam ; ils étaient avec lui dans le paradis terrestre, car la légende arabe de l’origine du monde, ce que vous appelez l’histoire sainte, est la même dans votre religion et dans la nôtre.

Avec l’homme le chameau revivra dans la vie future. Aussi, jadis, c’était une coutume de laisser un chameau mourir de faim près de la tombe de son maître.

Le chameau ! mais c’est l’animal sacré : c’est monté sur