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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/312

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blables à celle des Touaregs. En avant du camp, formés par groupes d’environ mille hommes, les Wahabites étaient rangés immobiles et silencieux.

C’était une armée organisée qui venait grossir le flot de l’Invasion islamique : elle devait bientôt devenir une des plus célèbres par ses habitudes de froide cruauté.

Mais quand le Sultan offrit à Saoud, quelques jours après, d’entrer dans sa Garde avec ce corps d’élite, il se heurta à un refus respectueux.

— Je ne veux pas d’autre maître que toi ou ton fils, répondit le Wahabite.

Abd-ul-M’hamed n’insista pas : il comprit que le fier Arabe ne voulait pas se ranger sous les ordres du roi des Monbouttous qui, depuis l’expédition d’Abyssinie, avait conservé le titre de « Commandant de la Légion du Prophète ».

C’est qu’en effet, du premier coup, l’antipathie avait jailli entre ces deux hommes si différents et que réunissait seul le lien d’une commune religion.

Saoud, instruit, affiné, comprenant le but du Sultan et venant travailler avec lui à la rénovation de sa race, et Mounza, brute sanguinaire, tuant pour le plaisir de tuer, obéissant à sa religion comme il obéissait à ses instincts.

Le jour baissait lorsque la troupe des chefs musulmans, escortée de l’armée wahabite, arriva en vue de Médine, et une longue clameur d’étonnement s’éleva de leurs rangs au spectacle inattendu qui frappa soudain leurs yeux.

Au-dessus de la merveilleuse coupole de la mosquée du Prophète, célèbre dans tout l’islamisme par sa prodigieuse hauteur, son revêtement de plomb et surtout par la boule et le croissant en or pur qui la surmontent, un météore extraordinaire planait immobile et imposant :

C’était le Tzar, arrêté à cent mètres au-dessus de la mosquée et se détachant comme un énorme clou d’argent sur l’azur foncé du ciel.

Dans l’entourage du Sultan, quelques chefs seulement avaient entrevu l’aérostat dans les rares apparitions qu’il avait faites au camp de la Garde noire, et connaissaient son origine et sa mission.

Pour les autres, sa présence ne fit qu’augmenter l’invin-