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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/37

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— Oui, il connait son nom, Abd-ul-M’hamed, car c’est lui qui a envoyé aux gens du Bornou l’ordre de tuer tous les Ouled-Slimans, qui sont des brigands et des chiens ; il dit aussi qu’il n’y a pas longtemps qu’il est passé à Kouka ; de là il est allé à Aghadès, et après il est retourné dans son palais au milieu des bois.

— Sait-il où est ce palais ?

— Il s’appelle Atougha il se trouve sur une grande rivière.

— De quel côté ?

Le Berbère montra la direction du Sud.

— C’est loin ?

— Le cheik assure que c’est à une lune de marche.

L’interprète ne devait jamais trouver Atougha : ce nom ne figurait et ne figure pas davantage aujourd’hui sur les cartes d’Afrique.

Le Sultan, avec sa garde, suivi d’un immense convoi d’or, venait de le quitter pour marcher à grandes journées vers l’Est, afin d’atteindre le Nil et d’y devancer les armées dont ce fleuve était le premier objectif.

Il n’avait laissé à la garde du Bôma qu’un millier de Monbouttous, sous les ordres d’un de ses intendants les plus sûrs ; ces nègres devaient continuer l’extraction de l’or, et à mesure qu’ils en auraient la valeur d’un convoi, le diriger sur Khartoum, à travers le Bahr-el-Ghazal, par les postes que le Sultan allait semer sur sa route.

L’esprit rempli par le souvenir des masses noires qu’il avait vues dans le Sud algérien, et ignorant absolument le dessein du Sultan d’attaquer l’Europe par l’Ouest, Saladin le chercha en vain au sud du Tchad dans le Baghirmi, sur la Sangha, connue par les explorations de Foureau et de Cholet sur l’Oubanghi, qu’avait parcouru van Gell, et que le colonel Monteil, dans sa dernière exploration avec le capitaine Frotiée, avait démontré n’être autre chose que l’Ouellé de Yunker et de Schweinfûrt.

Il le chercha enfin dans l’Adamaoua où le ramena le cheik Mospha, un brave fataliste qui avait accepté d’assez bonne grâce sa nouvelle situation et qu’il avait gardé à son bord.

Il est juste d’ajouter que les excellentes provisions entassées dans la soute entraient pour beaucoup dans la résigna-