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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/66

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— Un ancien interprète, dites-vous ?

— Oui, et passé interprète de la compagnie du chemin de fer transsaharien : ce qu’il faisait d’épate avec ses gros appointements ?

— L’interprète du Transsaharien ! Et vous l’appelez ?…

— Un nom de Maure… Sarrazin… Saladin…

— oui, c’est cela… Saladin !

— Saladin fit le capitaine devenu très pâle… Zahner, êtes-vous sûr de ce que vous dites-là ?

— Aussi sûr qu’on peut l’être sans avoir la berlue mais quand je lui aurai parlé comme j’en ai l’intention, je serai tout à fait sûr de mon fait et viendrai vous le dire… Mais qu’avez-vous donc, mon capitaine, on dirait que vous aussi vous connaissez ce gaillard-là ?

— Oui, je le connais, fit de Melval d’une voix brève.

— Vous aviez donc aussi des… relations avec les huissiers, ses complices !

— Non, c’est tout autre chose, je vous raconterai cela.

Et de melval tomba dans un mutisme farouche, les yeux fixes, répétant seulement à plusieurs reprises ces mots :

— Cet homme ici ! Est-ce possible ?

Quelques instants après il entrait chez Omar.

— Qu’as-tu donc ? fit le jeune prince surpris de la physionomie étrange de son ami.

— Je t’expliquerai, fit le capitaine, mais réponds-moi, veux-tu ? Cet Européen qui sort de la tente de ton père, cet aéronaute… ne se nomme-t-il pas Saladin ?

— Ma foi, tu me fais remarquer que nous ne lui avons même pas demandé son nom… Saladin, dis-tu ? C’est possible : dans tous les cas il est musulman.

— Musulman ! non. Juif, tu veux dire !

Omar fit une grimace significative.

— Non pas, répondit-il, musulman, et musulman bon teint, car il a apporté une lettre du mufti d’Alger qu’il…

— Il arrive d’Alger ?

— Oui.

— Où il était interprète ?

— Encore un détail que je ne lui ai pas demandé mais il parle si purement l’arabe que c’est fort possible. Écoute, Omar, je ne te demande ni les secrets de ton