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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/122

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qu’une apparence, ce que je perds d’un côté, je le regagne de l’autre. »

Alain était incapable de s’inquiéter de ce qu’il y aurait pu y avoir, au lieu de la frime d’Urcel, de plus sérieux dans un pareil raisonnement. Il n’avait aucune idée de ce que c’est qu’être chrétien : il ne pouvait se représenter ce besoin de raviver, toutes fenêtres closes, ce qu’on ne peut supporter en plein air, ce goût paradoxal de la vie qui, l’ayant défaite dans un plan, la refait dans un autre.

Mais, dans le cas présent, il n’était besoin que d’un peu de bon goût pour se scandaliser du sans-gêne avec lequel un homme frivole, un intrigant des sentiments et des idées, s’installait dans l’attitude dont il avait besoin dans le moment.

Et, au surplus, Alain, surtout quand il s’agissait d’autrui, ne crachait jamais sur les faits. Il n’oubliait pas qu’Urcel courait désespérément après les jeunes hommes. Ce qui d’abord lui réussissait auprès d’eux, lui nuisait ensuite : il les surprenait et bientôt il les fatiguait par son bavardage inépuisable. Le résultat de ces déconvenues était qu’Urcel avait froid : il venait se réfugier auprès de la lampe de Praline. Autrefois on prenait la bouteille. Tels étaient les faits, mais l’hypocrisie entrait en scène, appelée par la peur.

Alain rapprocha Urcel de Dubourg. Celui-ci commençait aussi à transposer sa vitalité,