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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/125

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tué de drogue. Totote avait hérité de ses haines.

Elle se jeta avec rage au milieu du silence qu’on faisait autour d’elle.

— Après tout, je devrais vous bénir, Urcel, vous êtes le plus parfait blasphémateur qu’on puisse rencontrer. Personne ne s’entend mieux que vous à trousser la religion. Cette idée de confondre la drogue et la prière, c’est tout à fait réjouissant…

— Là, c’est assez, coupa Praline.

Au bout d’un instant, Urcel dit à Alain :

— Continuons. Rien ne m’empêchera de croire que nous pourrions nous comprendre. Je sens dans votre goût du risque…

Son naturel timoré lui jouait un mauvais tour : il avait éprouvé le besoin de se retourner vers Alain comme pour s’appuyer sur lui contre l’attaque de Totote. Mais, du coup, il avait oublié toutes les précautions qu’il devait prendre avec lui. Il venait de répéter sans ménagement un mot qui, dès le début, avait fait dresser l’oreille à celui-ci :

— Le risque ! Alors, décidément, vous croyez que vous courez un risque ? Quel risque ?

Urcel tâcha de dissimuler son effroi redoublé sous un sourire d’étonnement.

La voix d’Alain avait tremblé. S’étant ressaisi après un court instant, il continua :

— Vous avez trouvé un joli petit système pour vous tranquilliser l’esprit. À part ça, quel risque courez-vous ? Vous fumez ? Il y