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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/61

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sentait ne fût pas communicatif. Elle avait l’air si bon, sur cette photo. Sa bouche répétait ce que disaient ses yeux : une tendresse timide. Ses seins frêles disaient encore la même chose, et sa peau qui fuyait sous les doigts, ses mains friables.

Il fallait télégraphier. Il ne voulait pas de la mort comme elle s’imposait maintenant à lui ; il ne voulait pas se défaire fibre à fibre.

Il arracha sa cravate et sa chemise, s’enveloppa dans sa robe de chambre et s’assit à sa table. Il prit une feuille de papier qu’il disposa devant lui avec cette minutie qu’il apportait aux rares petits gestes qui étaient tout ce qui lui restait de la vie et aussi avec cette lenteur craintive de ceux qui n’ont ni facilité, ni habitude d’écrire.

Il commença des brouillons :

Télégraphiez réponse, besoin de vous. Minutes comptent.

Non, pas ça, trop tragique.

Vous avez un amoureux à Paris.

Non plus, après tout ce qui s’était passé. Il se rappela qu’un soir, au cours d’un séjour à Paris, il était sorti seul, et avait couru au bordel en quête d’une compensation chimérique à l’abstraction de sa vie conjugale. Quand il était