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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/96

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il y a un énorme soleil qui chauffe la terre.

— Abêtissez-vous.

— Je suis heureux.

Ils étaient au milieu de la place de la Concorde.

— Où vas-tu ? demanda Dubourg.

— Il faut que je passe à l’exposition de Falet. Viens avec moi, c’est rue Saint-Florentin.

La place de la Concorde était déjà prise dans la pétrification de l’hiver : un bitume mort sur lequel le vent balaie des poussières.

Vers la rue de Rivoli des lumières s’allumaient.

Alain songea à ses hivers. C’était le triomphe sans conteste de tous les artifices : chambres fermées, éclat des lumières, exaspération. Dernier hiver. Sur le visage cette dernière éclaboussure de lumière. À quoi ressemblait la vie de Dubourg ? À une mort lente et terne. Dubourg n’avait jamais quitté Paris, cette vieille petite fièvre assoupie. À New York du moins, régnait une franche atrocité. Dorothy était là-bas, entre les pattes du monstre qui hurle et se tord et perd des torrents de sang par mille blessures vives.

Une rue étroite, près de la Madeleine. Une minuscule boutique, dilatée par une lumière crue. Dubourg n’entra pas sans répugnance dans cette officine, car il connaissait Falet.

Falet était dans la boutique ; c’était un imperceptible gringalet. En travers d’une épine dor-