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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/107

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LES PREMIÈRES EXÉCUTIONS.

le pays du régime du sabre et qui ne pouvaient qu’y substituer le régime du delirium tremens. Il y avait à peine huit jours qu’il était ministre de la guerre et commandant en chef, que déjà le dégoût le noyait. Le 9 mai, il envoya sa démission au Comité de salut public par une lettre qui se termine ainsi : « Je me retire et j’ai l’honneur de vous demander une cellule à Mazas. » On se préparait à déférer à son désir, lorsqu’il se ravisa et disparut.

Il se cacha et put se soustraire aux investigations de la Commune, qui le cherchait encore lorsque l’armée française reprit possession de Paris. Sa retraite fut découverte dans les premiers jours du mois de juin. Traduit devant le troisième conseil de guerre, présidé par un colonel du génie, il s’entendit condamner à la peine capitale. Sa mort fut un peu hésitante. Il retenait à ses côtés, il rappelait le pasteur protestant qui adoucissait pour lui les dernières affres. On fut obligé de lui dire que ses lenteurs étaient une aggravation de peine pour ses compagnons de supplice. Il cherchait à prononcer quelque parole que l’histoire pût recueillir, il ne trouvait rien, et se contenta de dire qu’il reconnaissait que ses juges avaient fait leur devoir ; c’est le mot du moine de Saint-Bruno : Justo judicio damnatus sum.

iii. — LES PREMIÈRES EXÉCUTIONS.

Le parfumeur Fouet remplace le serrurier Carreau. — Le harem de Rigault et consorts. — Georges Veysset. — Intermédiaire entre Versailles et Paris. — Quatre domiciles. — Les batteries de Montmartre. — Le général Dombrowski. — Traité secret. — Hutzinger. — Dernière entrevue. — Arrestation de Veysset. — Les fortifications dégarnies. — Dombrowski est tué. — L’entrée des troupes françaises dans Paris. — Lenteurs des mouvements et résultat déplorable. — Dispositions prises