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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/109

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LES PREMIÈRES EXÉCUTIONS.

gnes de souper. La dernière extraction de ce genre eut lieu le 20 mai et comprenait cinq jeunes filles nominativement désignées.

Pendant la durée de la Commune, on compte, rien que pour les hommes, 3632 entrées au Dépôt, du 18 mars au 25 mai 1871 ; ce jour-là, la prison de la Préfecture de police reçoit son dernier détenu, Hélouin (Joseph), brasseur, qualifié d’agent bonapartiste. C’est, du reste, la qualification que l’on donnait habituellement aux gens arrêtés sans motif. Celui-là était un inconnu sans importance ; mais le 21 mai le Dépôt s’était refermé sur un personnage qui paraît s’être activement mêlé aux événements où Paris trouva sa délivrance. Sous le n° 3440, on écroue Jean Veysset, agriculteur, âgé de cinquante-neuf ans : « espion à garder avec soin à la disposition de Ferré. » C’était là une précieuse capture pour la Commune ; elle venait de mettre la main sur un homme énergique, qui avait risqué sa vie pour faciliter l’entrée de Paris aux troupes de Versailles, et qui avait réussi.

Il était soupçonné, surveillé depuis longtemps par les agents secrets de Raoul Rigault et de Ferré ; mais il avait dépisté toute recherche jusqu’au jour où, livré par une portière âpre au gain, il était tombé entre les griffes de Théophile Ferré. Déjà, dans la nuit du 11 au 12 mai, des Vengeurs de Flourens escortant un commissaire de police avaient envahi son domicile, rue de Caumartin, et ne l’y trouvant pas, avaient conduit sa femme, Mme Forsans-Veysset, au délégué à la sûreté, qui l’avait fait écrouer au Dépôt. Connaissant la périlleuse négociation que dirigeait son mari, elle avait tout à redouter, se sentait trop près de la Préfecture de police et voulut s’en éloigner. Moyennant une somme de 3000 francs, remise à un membre important de la Commune, elle obtint d’être transférée à Saint-Lazare, où elle fut placée