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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/111

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LES PREMIÈRES EXÉCUTIONS.

batteries de Montmartre tuèrent une soixantaine de fédérés à Levallois-Perret, et le Journal officiel du lendemain dit avec modestie : « Le tir n’est pas encore bien juste. »

Ce n’était là qu’une sorte d’intermède à la négociation principale qui suivait son cours. Il s’agissait d’enlever le général Dombrowski à la Commune, et, en échange de sa défection, de lui fournir les moyens de quitter la France en emportant avec lui une somme qui serait presque une fortune. Une lettre écrite par un des principaux personnages du gouvernement de Versailles, en date du 10 mai, enjoignait à Veysset d’en finir coûte que coûte avec Dombrowski. Un traité fut conclu comme entre puissances de force égale. Toute la ligne des fortifications depuis la porte du Point-du-Jour jusqu’à la porte Wagram serait remise à l’armée régulière. « Le gouvernement de Versailles, de son côté, payait à Dombrowski et à son état-major une somme de 1 million 500 000 francs et leur accordait à tous un sauf-conduit qui leur permettrait de quitter Paris. La somme devait être payée en billets de la Banque de France ou en papier sur la maison Rothschild de Francfort[1]. » Veysset, après l’arrestation de sa femme, s’était réfugié à Saint-Denis, à l’hôtel du Lapin blanc. C’est là qu’il recevait un certain Hutzinger, officier et confident de Dombrowski. Le contrat devait être mis à exécution le 20 mai.

Ce jour-là, Hutzinger avait rendez-vous avec Veysset, sur la zone neutre de Saint-Ouen, pour déterminer les dernières dispositions à prendre. Veysset fut amené au lieu désigné par M. Planat, député ; il s’aboucha avec Hutzinger. Dombrowski avait prescrit toutes les me-

  1. Voyez Georges Veysset : Un Épisode de la Commune, par Mme Forsans-Veysset. Bruxelles, Landsberger, 1873.