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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/148

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LA MAISON DE JUSTICE.

ment. Il était dévoué à Ferré dont il reçut les instructions dans la matinée du 24 mai. Il se mit à la besogne et dit aux hommes qu’il commandait : « Nous allons griller la boîte aux curieux. » La boîte aux curieux, c’est le Palais de Justice. Il expédia ses incendiaires dans les diverses parties du Palais, à la grand’salle, dans les chambres revêtues de boiseries peintes, vers les greffes bourrés de paperasses, vers la bibliothèque des avocats, aux baraques des costumiers, et ils eurent ordre de ne point ménager les huiles minérales ; en guise de bouquet, il réservait la Sainte-Chapelle.

Riiat ne voulut laisser à nul autre l’honneur de mettre lui-même le feu aux mèches soufrées qui avaient été préparées. Il ne s’aperçut pas que celle qu’il allumait trempait dans le pétrole ; la flamme courut avec rapidité et atteignit un tuyau de gaz qui éclata. Riiat fut renversé évanoui par l’explosion. Ses hommes l’emportèrent ; il revint à lui dans la cour du Mai, les cheveux roussis, les yeux brûlés, le visage écorché, et tellement abasourdi que, pour mieux reprendre ses sens, il se fit conduire chez un marchand de vin de la place du Châtelet. Il y passa la journée ; lorsqu’il se souvint de la Sainte-Chapelle, il n’était plus temps de l’atteindre, elle était entourée par les flammes. Trois jours après, Riiat était remis de sa commotion et recevait de Ferré une nouvelle mission de confiance, celle d’incendier l’église Saint-Ambroise ; il en fut empêché par l’arrivée de nos troupes.

À la Conciergerie, tout le personnel de la surveillance était sur pied ; un vieux mur en pierres de taille la séparait du Palais de Justice ; il tint bon, se lézarda, mais ne s’écroula pas ; le danger vint d’autre part. La division cellulaire est munie de préaux réservés à la promenade des détenus ; chacun de ces préaux est une