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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/15

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Cette recrudescence dans l’hyperbole est due, en grande partie, aux défenseurs de la révolte, — défenseurs quand même, — qui font semblant de croire que les flammes des incendies sont les lueurs d’une aurore. La plupart sans doute combattraient la Commune, si elle tentait de continuer pratiquement l’œuvre interrompue par l’intervention de l’armée française ; mais ils croient qu’il est de leur intérêt politique de glorifier les actes les plus coupables qui furent jamais, et ils s’y évertuent. À ces protecteurs de l’illégalité, à ces souteneurs de la revendication par la violence, les études que je viens de terminer n’ont pas eu le don de plaire. Antisthène s’entendant louer, un jour, par de méchantes gens, dit : « J’ai peur d’avoir commis quelque mauvaise action ; » je n’ai point eu à me défendre contre une pareille crainte et j’ai reconnu, tout de suite, que ce n’était point une mauvaise action de parler de la Commune comme il convient d’en parler. Il n’est injure, médisance et calomnie que l’on n’ait inventées à mon adresse[1]. Cela m’a paru bien peu important, et je n’en ai tenu compte. J’ai trop voyagé dans les pays d’Orient pour n’en point connaître les proverbes ; je me suis rappelé la parole turque : « Si tu t’arrêtes à jeter des pierres aux chiens qui aboient contre toi, tu n’arriveras jamais au but de ton voyage. » J’ai laissé aboyer, et j’ai continué ma route. Et puis,

  1. Quelques-unes de ces injures sont assez plaisantes et dénotent un peu plus que de l’ignorance. On m’a appelé valet de bourreau et M. de Satory, essayant ainsi de faire croire que c’était à la suite de révélations faites par moi que certains coupables avaient été exécutes. Or le premier chapitre de ce livre a paru en mai 1877, et le dernier arrêt comportant sentence et exécution capitales, pour faits relatifs à la Commune, est du 18 novembre 1872 (Herpin-Lacroix). Tous les reproches qui m’ont été adressés sont de cette sincérité. Je n’ai pas besoin de dire que jamais je n’ai répondu à une seule des attaques dont j’ai été l’objet.