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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/17

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hors de nos frontières le moment de venir achever leur besogne. Non, sur le cadavre de ceux-là je n’ai point piétiné.

Par une étrange aberration, on m’a aussi reproché d’attaquer la forme actuelle du gouvernement et, en parlant de la Commune, de porter préjudice à la république. Cela m’eût rempli de surprise, si je n’avais su, dès longtemps, que l’esprit de parti modifie la valeur des mots selon les besoins de la polémique quotidienne. Ceux qui ont soutenu cette thèse insensée n’ont pas compris que la Commune fut précisément l’inverse de la république et que la violation du pouvoir par une bande d’incapables furieux, l’absence de toute garantie pour la liberté et la vie des citoyens, le service insurrectionnel obligatoire, la suppression du culte dans les églises, le despotisme le plus abject imposé à la population, étaient le contraire d’un ordre de choses qui pose en principe l’équitable répartition des droits et des devoirs. Les républicains qui s’ingénient à être les avocats de la Commune ressemblent aux cuisiniers qui préparent leurs ragoûts dans des casseroles mal étamées : ils empoisonnent les autres, et s’empoisonnent eux-mêmes.

Plus tard, lorsque l’on verra dans son ensemble toute cette Commune dont je n’ai pu que découvrir quelques coins, on reconnaîtra que la politique n’y fut pour rien. Ceux qui l’inventèrent, l’imposèrent à Paris et ne reculèrent devant aucun forfait pour la prolonger, se disaient républicains : ce n’étaient que des ambitieux amoureux d’eux-mêmes et ivres de pouvoir. Si un despote leur eût offert la puissance, la fortune et des titres, eussent-ils refusé ? J’en doute. En voyant la persécution qu’ils se hâtent d’exercer, dès qu’ils sont les maîtres, contre ceux qui ne s’inclinent pas devant leur usurpation, en comptant les crimes qu’ils ont commis avant de disparaître, je me