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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/184

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hâtèrent et trouvèrent en effet Raoul Rigault, vêtu en chef de bataillon, accompagné d’un commissaire de police dont on ignore le nom, et de son secrétaire particulier, qui se faisait appeler Slom. Le premier mot de Rigault fut : « Nous avons quatre canailles ici, nous allons les fusiller, en commençant par Chaudey. Envoyez-le chercher. »

Berthier sur l’ordre de Ranvier se rendit chez Chaudey, qu’il trouva écrivant ; il l’invita à le suivre. Chaudey descendit tel qu’il était, en robe de chambre et en pantoufles, pénétra dans le greffe, reconnut Raoul Rigault et le salua. Rigault lui dit : « J’ai pour mission de faire exécuter les otages ; vous en êtes un, dans cinq minutes vous serez fusillé. » Chaudey répondit : « Songez-vous à ce que vous allez faire ? — La Commune a décide que tous les otages seraient passés par les armes; du reste, Blanqui a été assassiné et vous payerez pour lui. — Vous vous trompez, Rigault ; Blanqui n’a pas été assassiné ; je suis en mesure, si vous retardez mon exécution, de vous faire avoir de ses nouvelles et peut-être même d’obtenir sa mise en liberté. Vous voyez bien que vous êtes en relations avec Versailles ; dépêchons, je n’ai pas le temps de m’amuser ! » — Chaudey dit alors : « Eh bien je vais vous montrer comment un républicain sait mourir. » — Raoul Rigault leva les épaules, et, s’adressant à son secrétaire Slom[1], il lui dit : « Toi, écris ; » puis il dicta le procès-verbal de condamnation « Par devant nous, Raoul Rigault, membre de la Commune, procureur général de la dite Commune, sont comparus : Gustave Chaudey, ex-adjoint au maire de Paris ; Bouzon, Capdeville et Pacotte, gardes républicains, et leur avons signifié qu’attendu que les

  1. Stom n’est que l’abréviation — la première syllabe — d’un nom polonais.