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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/201

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LE GÉNÉRAL CHANZY.

sergent-major Bastard assiste à 1'entretien. Le commandant par intérim du xiiie arrondissement : Cayol. » Cette fois, l’autorisation fut déclarée valable et la visite autorisée par le chef de poste, qui, en réalité, exerçait toute autorité dans la prison. — « Entretien fait en ma présence, sous-officier de service du 176e bataillon, 3e compagnie. Signé : Langey ».

Les bataillons de l’arrondissement se relevaient toutes les vingt-quatre heures et étaient accompagnés de délégués spéciaux envoyés par le secteur. L’harmonie ne régnait pas toujours entre les officiers et les délégués ; mais les discussions ne duraient pas longtemps, car les officiers et même les soldats finissaient par dire au délégué : « Eh bien ! après ? si tu n’es pas content, toi, on va te fusiller ! » Entre ces gens de mauvais aloi la défiance était permanente, ils se soupçonnaient, se surveillaient les uns les autres, et voyaient des traîtres partout. Les machinations les plus extravagantes leur semblaient toutes simples, et à force de vivre dans des idées fausses, ils faussaient instinctivement les choses les plus naturelles ; semblables en cela aux enfants, que rien n’étonne parce qu’ils ne savent rien.

Leur manie de soupçons fut, dans une circonstance spéciale, un sujet d’étonnement pour le personnel de la Santé. Un détenu était décédé à l’infirmerie ; le service funèbre devait se faire à trois heures ; les parents du défunt avaient été convoqués et étaient déjà réunis près de la chapelle, lorsque des fédérés du 101e bataillon, qui le matin avaient pris la garde du poste, se présentèrent chez le directeur et lui déclarèrent qu’ils voulaient voir le cadavre. Tout ce que M. Lefébure put obtenir fut que l’on attendit la fin de la cérémonie religieuse. Lorsque celle-ci fut terminée, on décloua le cercueil, on leva la serpillière, on découvrit le visage, que les fédérés purent contempler à leur aise ;