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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/236

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LA SANTÉ.

parole de vérité, et l’école d’Albert le Grand ne fut point brûlée.

Le lendemain, Léo Meillet et ses officiers commençaient à ne plus se trouver en sûreté au fort de Bicêtre. L’armée approchait et la situation pouvait devenir périlleuse. Ils résolurent de se replier sur Paris, où de nombreuses barricades munies d’artillerie permettaient de continuer la résistance et où les rues enchevêtrées des quartiers excentriques promettaient une fuite presque assurée. On procéda donc au départ, qui se fit d’une façon un peu précipitée, mais on n’oublia pas le butin recueilli la veille sur l’ennemi dans la maison des dominicains. Toutes les voitures disponibles furent employées à le charroyer vers Paris. L’évacuation avait été tellement rapide, que l’on abandonna les captifs dans leur casemate ; ils eurent un moment d’espoir et s’imaginèrent que « Versailles » arriverait à temps pour les délivrer. Ils avaient compté sans Sérizier, qui pensait à eux. Un détachement du 185e bataillon vint les chercher. Les deux enfants et deux domestiques belges, ayant démontré leur nationalité étrangère, avaient été relaxés ; un père Rousselin, grâce à des habits laïques qu’il avait revêtus avant l’arrestation, put s’évader entre le fort de Bicêtre et le mur d’enceinte. Les otages, dont cinq portaient la robe noire et blanche, étaient donc au nombre de vingt lorsqu’ils pénétrèrent dans Paris par la barrière de Fontainebleau.

À travers les huées de la foule, ils arrivèrent place d’Italie, — que l’on appelait alors la place du général Duval, — à ce vaste rond-point où aboutissent l’avenue d’Italie, l’avenue de Choisy, le boulevard de la Gare et la rue Mouffetard ; on les fit entrer dans la mairie du xiiie arrondissement. L’armée française, arrêtée pendant toute la journée de la veille par l’artillerie fédérée de la Butte-aux-Cailles qui bat Montrouge, n’a pu fran-