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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/286

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LA GRANDE-ROQUETTE.

savoir quel était cet individu, que les employés de la prison considéraient, à cause de son écharpe, comme un membre de la Commune ; on l’a pris pour Eudes, pour Ferré, pour Ranvier, surtout pour Ranvier. On s’est trompé ; nous pouvons le nommer : c’était Mégy, que la révolution du 4 septembre avait été chercher au bagne de Toulon, où il subissait une peine de quinze ans de travaux forcés, méritée par un assassinat, pour en faire un porte-drapeau dans un bataillon de garde nationale. Il souffleta son capitaine, fut, pour ce fait, condamné à deux ans de prison et délivré le 18 mars. La Commune ne pouvait négliger cet homme qui tuait les inspecteurs de police à coups de revolver ; elle en fit une sorte d’émissaire diplomatique et l’envoya prêcher la République universelle à Marseille en compagnie de Landeck et de Gaston Crémieux. Le général Espivent interrompit cette farandole révolutionnaire, et Mégy, qui excelle à se sauver quand l’occasion s’en présente, put revenir à Paris. Il fut nommé commandant du fort d’Issy, qu’il abandonna aussitôt que l’occasion lui parut propice. Le 22 mai, il était sur la rive gauche de la Seine ; c’est à lui et c’est à Eudes que l’on doit l’incendie de la Cour des comptes, du palais de la Légion d’honneur, de la rue de Lille, de la rue du Bac et de la Caisse des dépôts et consignations. Tel était le général, — on l’appelait ainsi, — qui venait en amateur donner un coup de main pour assassiner quelques vieillards. L’autre officier, remarquable par les pommettes roses et les yeux brillants ordinaires aux phthisiques, s’appelait Benjamin Sicard ; capitaine au 101e bataillon, il était détaché, en qualité de capitaine d’ordonnance, à la Préfecture de police ; c’est ce qui justifiait les aiguillettes d’or dont il avait orné son uniforme. Il avait été envoyé par le délégué à la sûreté générale, par Ferré, pour surveiller l’exécution des otages et pour en rendre compte.