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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/306

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LA GRANDE-ROQUETTE.

aussi les entrepôts de la Villette, et, au même endroit, le dépôt de la Compagnie des petites voitures, où, en prévision du siège, on avait accumulé des amas de vivres qui s’y trouvaient encore[1]. La caserne d’Orsay, les Tuileries, le Palais-Royal, la Cour des comptes et ses archives, le palais de la Légion d’honneur, la Caisse des dépôts et consignations, le Palais de Justice, la Préfecture de police, les Gobelins, l’Hôtel de Ville, l’administration de l’octroi, l’Assistance publique, le Théâtre-Lyrique, le théâtre de la Porte-Saint-Martin, le théâtre des Délassements-Comiques, la bibliothèque du Louvre, le ministère des finances, des rues entières s’abîmaient dans l’incendie. Plus d’un Parisien contemplant ce spectacle a pleuré et s’est demandé, sans oser se répondre, s’il appartenait à la race et à la patrie des hommes qui commettaient ce crime.

Pendant les deux premiers jours de la lutte, le 22 et le 23 mai, les troupes françaises avaient été très calmes, suivant passivement leurs officiers qui payaient d’exemple, et livrant avec abnégation ce dur combat des rues, antipathique et plus pénible que nul autre. La vue des premiers incendies les remplit de colère ; la résistance

  1. Ce fait, qui peut paraître invraisemblable, est de la plus rigoureuse exactitude. M. Ducoux, président du conseil d’administration de la Compagnie générale des voitures de Paris, a dit, le 11 mai 1872, à l’assemblée générale de ses actionnaires : « Les circonstances ne nous ont pas permis de réinstaller nos nouveaux ateliers de la Villette, dont vous avez approuvé la création. Un incendie, allumé dans les derniers jours de la période insurrectionnelle, pour atteindre les grands approvisionnements de vivres que le gouvernement de la Défense nationale avait laissés dans les magasins qu’il nous avait loués ou réquisitionnés, a détruit, avec ces approvisionnements, la totalité des bâtiments existants sur notre immeuble, 732 voitures qui s’y trouvaient remisées et une partie de l’outillage que nous avions acquis. » — (Voy. Compagnie générale des voitures de Paris : rapport du conseil d’administration sur les comptes de l’exercice 1871, p.11. Paris, 1872.)