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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/358

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LA GRANDE-ROQUETTE.

court et Houillon furent fusillés. Chaulieu s’était esquivé ; il fuyait par la rue Servan ; on se lança derrière lui ; se sentant sur le point d’être saisi, il fit volte-face contre les hommes qui le poursuivaient, enleva le sabre de l’un d’eux et en balafra trois ou quatre ; un coup de crosse l’abattit, deux coups de feu l’achevèrent.

Quelques-uns des fugitifs, M. Moléon, curé de Saint-Séverin, M. de Marsy, M. Évrard, furent recueillis sur leur route et purent échapper à tout péril[1] ; M. Petit, deux prêtres de Picpus, M. Gard, séminariste, et d’autres otages, après avoir tourbillonné au hasard, à travers les rues où tombaient les balles et les paquets de mitraille, sentant la mort partout autour d’eux, revinrent isolément à la Grande-Roquette, comprenant que c’était là encore l’asile le moins dangereux. Un retour des fédérés, une invasion de la maison étaient à craindre ; mais ce n’était qu’un péril possible en présence d’un péril certain. Le pharmacien de la prison, M. Trencart, reçut ces hommes qui ne savaient que devenir ; il les conduisit à l’infirmerie, les installa comme malades, avec

    bout portant en pleine poitrine ; la balle a dû traverser la base du cœur et ainsi causer une mort immédiate ; elle est sortie par le dos en brisant la colonne vertébrale au niveau des vertèbres dorsales. Le second coup de feu est parti d’un revolver qui a dû être appliqué sur la tempe droite ; le projectile a déchiré la joue, fait sauter de son orbite l’œil droit que je n’ai point retrouvé, broyé les os propres du nez et la partie antérieure de la base du crâne, puis est sorti par l’orbite gauche ; l’œil de ce côté était pendant sur la joue. » — Extrait d’une lettre du docteur Henri Colombel, qui, le dimanche 28 mai 1871, a vérifié, à la Petite-Roquette, l’identité de Mgr Surat et examiné scientifiquement le cadavre.

  1. M. Moléon fut déguisé et sauvé par le surveillant Jeannard ; M. de Marsy fut recueilli par le surveillant Seveyrac, qui le cacha, rue de Charonne, dans son domicile ; on ne saurait trop répéter que la conduite des gardiens de la Grande-Roquette, sauf de très rares exceptions, a été au-dessus de tout éloge.