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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/424

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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

« Le tumulte des jeunes détenus, la panique générale d’un grand nombre de fédérés armés et convoqués pour le massacre, le cri les Versaillais ! le départ des chefs de la Commune, la sortie d’un grand nombre d’otages qui étaient dans les bâtiments en face du nôtre dans la même prison, tout cela s’est accompli à la suite de la construction de nos barricades énergiquement défendues.

« Sans ces barricades, suivies d’une résistance qui n’entraîna aucune effusion de sang, les massacres auraient été inévitablement exécutés.

« Tous les témoignages s’accordent sur ce point. Il est donc important de savoir quand et comment ces barricades commencèrent.

« Dans l’intérêt de la vérité, nous avons au moins le droit de ne pas tolérer qu’on en attribue leur commencement à un homme qui n’y était pas lorsque déjà elles étaient finies.

« Le lendemain matin, 28 mai, jour de la Pentecôte, tous les otages de la deuxième et de la troisième section sortaient de la Roquette sous la protection de l’armée française.

« Ceux qui sont venus là le 29 mai pour recueillir des renseignements après notre départ n’ont pu y trouver que des récits sujets à contrôle.

« Les choses étant telles que nous les avons publiées, comment donc se fait-il que certains otages fort dignes de respect aient accrédité une version différente relativement à M. Pinet ?

« La réponse est très facile.

« Le corridor est long ; il y avait deux barricades, l’une du côté du grand escalier, c’était la principale, et l’autre du côté du petit escalier, c’était celle qui exigeait le moins de monde.

« Évidemment ceux qui se trouvaient loin du petit escalier et au milieu du bruit vertigineux de la grande barricade qu’on achevait précipitamment, n’ont pu voir et entendre ce qui se faisait à l’autre extrémité.

« Pour moi, j’affirme ce que j’ai vu et d’autres otages l’affirment avec moi.

« J’invite ceux qui auraient encore quelques doutes à interroger les témoins qui ont bien vu tout ce qui s’est passé. Parmi ces


    Petite-Roquette, s’applique évidemment dans la phrase de M. Amodru aux condamnés de droit commun que contenait la Grande-Roquette. Personne, à ma connaissance, n’a jamais prétendu que l’on avait excité ceux-ci à la révolte afin de venir en aide aux otages de la troisième section ; on les a fait insurger dans un but de résistance générale et pour gagner du temps. Sauf le condamné à mort Pasquier qui s’empara d’un fusil qu’on lui arracha immédiatement, nul détenu en vertu des arrêts de la justice n’eut, dans l’intérieur de la prison, d’armes à feu entre les mains. Ces faits ont été surabondamment démontres devant le 3e conseil de guerre qui, du 7 août au 2 septembre 1871, eut à juger les membres de la Commune. M. D.