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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/50

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pation, qui ne fut qu’une mince satisfaction d’amour-propre, la fédération de la garde nationale et le Comité central ne donnèrent point signe de vie et n’inquiétèrent en rien « l’envahisseur », auquel on était résolu, huit jours auparavant, de livrer un combat à mort. Le tour était joué ; l’armée sociale était réunie, les canons gardés par elle étaient en lieu sûr, et l’on ne pensait même plus à la motion que le 24 février on avait adoptée à l’unanimité. On se contenta de saccager un café où des soldats allemands avaient bu et de brûler sur la place de l’Étoile le fumier laissé par leurs chevaux, ce qui fut puéril, aussi puéril que le coup de pistolet tiré sur l’Arc de Triomphe par un officier prussien.

L’Assemblée nationale n’était point satisfaite ; elle estimait que la capitale de la France se livrait, sous les yeux de l’Allemagne victorieuse, à des exercices peu compatibles avec la dignité d’un grand peuple. Elle eût voulu agir avec vigueur et remettre de l’ordre dans cette ruche envahie par les frelons ; mais elle n’avait à sa disposition aucune force sérieuse, et il était dangereux d’engager une lutte dont le résultat paraissait incertain. Ce n’est pas que les motions les plus vives n’eussent leur raison d’être ; mais lorsque l’on disait : Il faut prendre le taureau par les cornes et arrêter tous les membres du Comité central, on ne faisait que donner un conseil, sans fournir les moyens de le mettre à exécution.

La fédération de la garde nationale espérait bien que l’Assemblée viendrait siéger à Paris, ce qui eût permis de la jeter promptement à la Seine ; mais l’Assemblée, se rappelant certaines dates présentes a toutes les mémoires, décida, le 10 mars, qu’elle se réunirait à Versailles. La déception fut grande dans la tribu révolutionnaire ; comme toujours, on cria à la trahison et