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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/65

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On reste surpris à voir la quantité et même la qualité des personnages qui s’arrogent le droit de supprimer la liberté individuelle. Aucun des membres du Comité central, aucun des membres de la Commune ne se faisait faute de parafer des lettres de cachet ; les délégués au ministère, le commandant de la place de Paris, les commandants militaires de chaque arrondissement, le procureur de la Commune et ses substituts, les employés de la préfecture de police, les juges d’instruction (pris dans les ateliers de menuiserie, comme Genton ; sur les bancs du collège, comme du Barral), les commissaires de police et les officiers de paix ne demeuraient pas en reste pour ces œuvres de prévarication. En outre, chaque arrondissement avait un comité administratif, distribué en comités de surveillance qui nommaient des délégués ; délégués, comité de surveillance, comité administratif, libellaient a l’envi des ordres d’incarcération. Ce n’est pas tout : la division de Paris en secteurs subsistait ; les chefs élus de la garde nationale en étaient les maitres ; non seulement ils faisaient emprisonner qui bon leur semblait dans la maison disciplinaire attribuée à chaque secteur, mais ils dirigeaient les gens arrêtés sur telle prison qu’il leur plaisait de désigner. À quelques-uns de ces chefs de légion, il n’était pas prudent de résister ; Sérizier a terrifié, pendant la durée de la Commune, la zone parisienne qui correspondait à la base du neuvième secteur ; il dominait de la sorte sur la prison de la Santé, et ce n’est pas sa faute si les otages en sont sortis vivants.

La brutalité des ordres est inexplicable. Charles Riel, chef du bureau des passeports à la préfecture de police, prend, le 17 avril, un arrêté qui est un spécimen des aberrations de cette époque : « Nous, délégué civil, agissant en vertu des pouvoirs qui nous sont