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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/68

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le sieur Maxime Du Camp. Signé : G. Ranvier ; ferd. ; Gambon ; et plus bas : Ordre au directeur du Dépôt de recevoir le citoyen Ducamp, arrêté par ordre du Comité de salut public ; signé : A. Regnard. » Le tout agrémenté de trois timbres, dont deux rouges et un bleu[1]. Au lieu de mettre la main sur l’individu désigné, on s’empara, au coin de la rue de Rivoli et de la place de l’Hôtel-de-Ville, d’un membre du Comité central nommé Alphonse Ducamp, dont l’existence avait jusqu’alors été ignorée de son homonyme et qui fut écroué au Dépôt de la préfecture de police, ou Th. Ferré vint lui annoncer qu’il serait fusillé le lendemain. L’approche de l’armée française permit à ce malheureux de s’évader. Nous avons pu signaler cette erreur, dont la preuve est entre nos mains ; mais combien d’autres, qui peut-être ont eu un dénoûment irréparable, sont et resteront inconnues !

Ainsi que nous l’avons dit, chacun, jouant au dictateur, semblait tenir à honneur de remplir les geôles mais, entre tous, deux hommes, qu’il faut faire connaître, ont joué les premiers rôles dans cette tragicomédie. Tous deux, sans autre énergie que celle qui résulte d’une absence radicale de moralité, sans autre instruction que celle que l’on ramasse dans les brasseries et les cabarets, ont été les metteurs en œuvre des inégalités de la Commune. L’un est Raoul Rigault, l’autre est Théophile Ferré : deux jeunes gens de vingt-cinq ans environ, qui firent le mal par amour du mal.

Raoul Rigault était un lourd garçon, débraillé, de chevelure et de barbe incultes, solide des épaules, bas sur jambes, myope, l’œil ferme, le nez impudent la bouche sensuelle, assez épris de bon vin, partant,

  1. Voir le fac-similé aux Pièces justificatives, n° 3.