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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/93

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LES ARRESTATIONS.

de faire cesser la petite taquinerie dont je suis l'objet depuis mon arrivée dans votre maison ; à chaque instant on ouvre mon guichet, on me regarde comme si j’étais une bête féroce au Jardin des Plantes, et derrière ma porte j’entends constamment ces aimables exclamations : « Canaille, scélérat ! on devrait bien le fusiller[1]. » À cette heure pensa-t-il à M. Bonjean et eut-il un regret ? Ce que l’on sait de sa nature permet d’en douter.

II. — LES ARRESTATIONS.

Les prêtres. — Pillage chez l'abbé Deguerry. — La voiture de l’archevêque. — Malpropretés communardes. — La loi des suspects. — Le décret sur les otages. — Le délégué à la justice . — Un juge d’instruction peu scrupuleux. — Liberté sous caution. — Charles Lullier. — Son évasion. — Assi. — Directeur du comité des subsistances. — Rossel. Immédiatement remis en liberté. — Ses origines. — Son ambition. — Son dégoût du rôle qu’il a recherché. — Délégué à la guerre. — Ignorance des officiers fédérés. — Opinion de Rossel sur l’armée de la Commune. — Il demande à être arrêté et se sauve. — Sa condamnation et sa mort.

M. Bonjean ne devait pas longtemps rester seul en qualité de « grand otage », ainsi que l’on disait alors. Le 4 avril, les portes du Dépôt se refermèrent sur plusieurs membres du clergé de Paris. Mgr Darboy et son vicaire, Lagarde, qui n’avait jamais lu l'histoire de Régulus ; M. de Bengy, le père Clerc, 1'abbé Allard, aumônier des ambulances ; l’abbé Crozes, aumônier de la Roquette, le protecteur constant et entêté des condamnés ; l’abbé Deguerry, curé de la Madeleine, fort populaire à Paris, avec sa haute taille, ses long cheveux ébouriffés et sa brusque démarche de colonel de carabiniers ; le père Ducoudray et d’autres viennent s’asseoir dans les étroites cellules et sont mis au secret. Ce

  1. Voir Pièces justificatives. n° 4.