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Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/225

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ples ne valent pas mieux que nous à cet égard, et lorsqu’on a lu certains journaux étrangers, on demeure stupéfait de la quantité d’injures que peut contenir l’encrier d’un journaliste. La responsabilité de la « bonne tenue » d’un journal incombe au rédacteur en chef ; c’est à lui qu’il appartient de diriger son personnel discuteur et militant dans la ligne droite où se rencontrent le bon ton et la vérité.

C’est là une fonction délicate qu’il n’est point facile d’exercer. J’ai connu le modèle des directeurs d’un grand journal politique ; il a laissé dans la mémoire de ceux qui l’ont côtoyé un souvenir impérissable. Libéral, au large sens du mot, permettant à chacun de se mouvoir à l’aise dans un cercle très-étendu, respectant chez les autres les convictions qu’il faisait respecter chez lui, il conduisait avec une autorité bienveillante et sagace une phalange d’écrivains dont je n’ose parler avec éloge, car j’ai eu l’honneur d’en faire partie. Son intelligence très-élevée, la rectitude de son jugement impeccable, son instruction encyclopédique, la sûreté absolue des rapports que l’on entretenait avec lui, en faisaient un homme exceptionnel. Il a su traverser des jours difficiles sans compromettre les intérêts dont il avait la garde, et sans jamais abaisser le drapeau qu’il tenait en main ; il a eu ses heures de liberté illimitée,

    cet ouvrage portât le nom de MM. Johnston, ceux-ci n’en devaient pas être les auteurs, parce qu’on y trouvait des fautes trop grossières pour que des géographes expérimentés comme MM. Johnston eussent pu les laisser échapper. L’écrivain ajoutait que depuis la mort de M. Johnston père, qui était l’âme de la maison, les publications éditées par la maison Johnston se ressentaient de l’absence de direction. Le juge a déclaré que ce langage outrepassait les droits de la critique et que, autant la presse devait être libre quand il s’agissait de questions d’intérêt public, autant on devait être sévère avec elle lorsqu’elle empiétait sur le domaine de la vie privée. La maison Johnston avait demandé 5 000 livres sterling de dommages-intérêts ; il lui a été alloué 1 275 livres. Il est vrai qu’il faut ajouter à ce chiffre celui des frais, qui, comme on le sait, sont énormes en Angleterre, et élèvent la condamnation à plus de 60 000 francs. »