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Page:Du Camp - Souvenirs d’un demi-siècle, tome 2.djvu/12

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4 septembre l’empêcha de terminer et laissa incomplète. Il possédait deux grandes qualités militaires : le patriotisme et l’énergie. J’ai ouï dire par des officiers que si Palikao avait eu la dictature en main, après la proclamation de la déchéance de Napoléon III, les choses auraient pu prendre une autre tournure devant Paris. Je répète ce propos, sans avoir qualité pour en apprécier la justesse. Je ne dépose que de l’activité du nouveau ministre de la Guerre, car j’en ai été le témoin et j’ai su par le général de Malroy que cette activité avait été féconde.

Les circonstances étaient telles que Palikao était, en quelque sorte, premier ministre et que les collaborateurs qui lui furent adjoints n’avaient plus qu’une importance secondaire. Aucun d’eux n’était hostile à l’Empire, quoique plusieurs eussent préféré une autre forme de gouvernement ; mais cette préférence était platonique, et les hommes qui furent appelés au pouvoir en cette occurrence étaient prêts, sans arrière-pensée, à se sacrifier au salut du pays. Se souvient-on d’eux ? On oublie vite en France et plus d’un a emporté dans la tombe son nom qui, sans doute, n’éveillera plus aujourd’hui aucun écho dans la mémoire des hommes. À l’intérieur, on plaça Henri Chevreau[1] ; aux Travaux publics, Jérôme David ; aux Finances, Magne[2] ; au Commerce, Clément Duvernois ; au Conseil d’État, Busson-Billault[3] ; à l’Instruction publique, Jules Brame ; à la Marine, Rigault de Genouilly ; aux Affaires étrangères, le prince de La Tour d’Auvergne[4] ; à la Justice, Grandperret[5]. Le devoir du gouvernement était complexe ; tous ses efforts devaient se concentrer sur deux points d’où pouvait dépendre notre existence nationale : repousser l’ennemi au-delà des frontières, empêcher une

  1. Chevreau (Henri), 1823-1903. Administrateur, préfet du Rhône (1864), sénateur (1865), préfet de la Seine (1870). (N. d. É.)
  2. Magne (Pierre), 1806-1879. Avocat, ministre des Finances de 1854 à 1860 et de 1867 à 1869, député à l’Assemblée nationale de 1871 et ministre des Finances de 1873 à 1874. (N. d. É.)
  3. Busson-Billault (1823-1888). Avocat à la Cour d’appel, député au Corps législatif de 1854 à 1870. (N. d. É.)
  4. La Tour d’Auvergne (Henri Godefroi, prince de), 1823-1871. Ambassadeur à Berlin (1860), Rome (1862) et Londres (1863). Ministre des Affaires étrangères du 1er juillet 1869 à juin 1870 et du 10 août au 4 septembre 1870. (N. d. É.)
  5. Grandperret (Michel), 1818-1890. Magistrat, conseiller d’État (1867), ministre de la Justice (10 avril-4 septembre 1870), sénateur en 1877. (N. d. É.)