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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/16

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PERVERSE

romans venus de Paris, l’avaient entretenue d’un jeu, à deux, qui n’était pas sans agréments ; mais elle regardait ses oiseaux, deux oiseaux qui vivaient dans une cage en or ; ces oiseaux s’embrassaient du bout du bec, se caressaient de l’aile avec un parler très doux : les baisers et les caresses des oiseaux ne lui disaient rien.

Elle était heureuse lorsqu’elle était seule, seule avec Miss, une petite demoiselle toutou, de famille anglaise, d’une famille très aristocratique dans le monde des chiens, et qu’elle avait payée une poignée de bank-notes.

Sa chambre, immense, était tendue de soie rose où, brodés par un artiste, des couples amoureux dansaient pavanes et menuets. Érotiquement enlacés, les danseurs des tentures, habillés de soie blanche, arrondissaient chacun un bras autour de leurs bouches unies. Et, cachés dans des roses et des pivoines, des anges pâles soufflaient dans des pipeaux ou voletaient autour de harpes fleuries.