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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/194

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PERVERSE

que nous nous imposons à ne vouloir point être des hommes, pour avoir davantage le pouvoir de les sauver… quelquefois. Oui, aimez-nous, aimez-nous d’amour, aimez-nous comme les femmes aiment les amants, mais que cet amour soit dans votre cœur, bien caché, et ne dites pas que vous aimez. Moi aussi, je vous aime, mais mon amour pour vous ne va pas plus loin que le sacrifice. Je reste fidèle à ma maîtresse…

— Elle est donc bien plus belle que moi ?

— Elle n’a point de visage, elle n’a point d’yeux, elle ne sait point se parer de robes somptueuses, elle n’a point de caresses, mais elle est belle parce qu’elle demeure la toujours inconnue. Ma maîtresse, c’est la Science, c’est avec elle que je passe mes jours ; mais son chevet est vaste, c’est à la fois le chevet de Ketty et celui de tous les autres petits qui sont malades et que leurs mères ne veulent pas voir mourir…

— Mais vous êtes un saint ! cria Paula.

— Non, un égoïste, qui trouve sa joie, une joie infinie, en aidant au bonheur des