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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/47

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PERVERSE

sance des songes. Paula bondissait pour l’appel et roulait son front dans ses cheveux que la rosée mouillait de perles culbutantes.

La souffrance ne la terrassa point. Victorieuse du mal dont elle était heureuse d’avoir pleuré, elle redemanda encore un nouveau martyre, pour ce qu’elle avait ressenti dans le brouhaha sanglant où ses sens palpitaient, le parfum du plaisir espéré, et qu’elle croyait pouvoir atteindre, dans la griserie poignante où, sous l’homme, elle se roulait.

Elle n’eut pas le cri qui ensanglante la fleur des seins ; mais quand, debout, dans les bras de l’homme, elle reçut le reconnaissant baiser qui dit merci, elle prononça doucement, d’une voix qu’elle ne se connaissait pas :

— Je t’aime.

Gaston de Plombières ne répondit pas, mais il cloua ses lèvres sur les lèvres brûlantes de Paula, et longtemps il huma à la chair conquise le baiser qui donne les chairs intimes, et dans lequel les vies échangent un peu de leurs jouissances, pour consacrer la souveraine bonté du mariage charnel.