Aller au contenu

Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
PERVERSE

nous, dans cette France si bien faite pour l’amour, de ce qu’on ne produit plus assez d’enfants ? Et des censeurs, censeurs de morale, ne veulent pas qu’on parle d’amour… Ils refusent le droit aux poètes de célébrer des magnificences de l’acte passionnel. Ils se plaignent de la dépopulation, et ils disent ou laissent comprendre que l’acte de la polluation est dégradant, et qu’il faut le cacher comme une honte.

« Au contraire, les anciens s’aimaient où ils voulaient, au gré du hasard, au gré du désir. Les jardins et les forêts étaient des paradis d’amour. Sous les roses et dans les bosquets, chantaient toujours les sanglants et radieux cantiques où la joie, sur un lit triomphal de fleurs, étourdissait des plus intimes parfums les acteurs en délire. Ah ! ils savaient aimer, au point que les femmes n’oubliaient jamais au milieu de quelles extases elles avaient été fécondées ; l’extase même avait englouti ce souvenir : le mal de la maternité ; et, à peine relevées, elles couraient, avides, au plaisir généreux, au