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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/81

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PERVERSE

d’abord, triomphalement ensuite, parsemant leurs voix de notes déchirées et aiguës.

Paula sourit. Il lui semblait que ces voix hurlantes étaient la parodie monstrueuse des cris d’amour.

Et elle pensa que les machines, à la fin de leurs efforts, ressentaient aussi des jouissances comparables à celles qu’elle connaissait, et qu’elles gueulaient au plaisir, comme elle avait crié, elle aussi, dans la superbe et magnifique extase qui l’avait tant de fois anéantie en quelques jours.

Une barque accosta le paquebot, un homme monta, le pilote, et il prit le commandement de la marche.

Le vaisseau avait changé de capitaine.

Les sirènes poussèrent encore de longues plaintes, les râles suprêmes. Le navire fit une courbe et entra lentement, sûrement et avec majesté, dans le port.

Il y eut un brouhaha insensé parmi tout le monde, et, empressés, les voyageurs débarquèrent.