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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/131

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NOTES.

ruines, et sans doute leur déblaiement, par l’effet de la destruction du beau Musée des Petits-Augustins !

Certes, c’était une bien heureuse idée que celle exploitée avec tant de persévérance et de succès par M. Alexandre Lenoir !

Ravir au néant les plus beaux produits de la culture des arts en France, cinq cents monuments dont la démolition ou la mutilation se poursuivaient de toutes parts avec un acharnement qui a survécu aux causes qui l’avaient produit, témoin ce que nous voyons encore tous les jours ; les grouper par époque, les classer avec méthode et goût, dans un local assez convenable, sauvé lui-même par cette destruction du sort commun qui le menaçait ; les dessiner, même les graver, les décrire avec talent, en offrant aux artistes des moyens d’instruction qu’ils ont su mettre à profit, c’était l’œuvre d’un patriotisme élevé, d’autant plus remarquable, qu’il surgissait d’une époque de désordre, où ce mot se traduisait généralement et à bon titre par celui de vandalisme.


Il est pénible d’être obligé de reconnaître que ce qu’un gouvernement révolutionnaire et dévastateur

    nos pères. De la grande convulsion politique, littéraire et artistique qui agite encore notre beau pays, jaillira sans doute quelque chose de positif en ces diverses matières, pour la nouvelle génération ; et ce n’est pas décrier ce qui est, au profit de ce qui fut, ni se roidir contre la maxime trop vraie, que les leçons des pères sont perdues pour leurs enfants, que d’apporter, comme élément de reconstruction pour ce qui naitra de cette vaste et longue conflagration, un tribut d’observations spéciales, appuyées de quelques parallèles à apprécier.

    Au lieu de gémir sur nos naufrages et de signaler les écueils toujours à fleur d’eau, il nous eût été plus doux de nous étourdir sur nos pertes, reconnaissant, en matière d’art, comme en toute autre, la justesse de l’axiome italien : « Che ricordarsi il bene doppia la noja. »