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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/155

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NOTES.

mal de la France au 5e siècle, point de départ, selon nous, de notre moyen âge[1].

Les ministres de l’Évangile, de cette religion où la grandeur est dans l’humilité, devaient-ils, dira-t-on, commencer, comme ils l’ont fait, par cimenter leur pouvoir, et par employer souvent des moyens fallacieux pour en assurer le prestige que leur supériorité incontestable d’intelligence et d’instruction suffisait pour établir[2] ? Qu’on nous cite un peuple, une religion, où ce premier soin de dominer et d’abuser le vulgaire ait été négligé, ne fût-ce que pour rehausser le sanctuaire, en le plaçant dans les nuages.

  1. On est loin de s’entendre sur la démarcation des âges et périodes historiques ; mais nous trouvons, pour notre pays, des raisons suffisantes de faire partir de cette époque la grande division du moyen âge, dans les considérations suivantes :

    La substitution du christianisme en France à l’idolâtrie, dont Théodose-le-Grand fit détruire les temples, même dans les Gaules ; l’organisation chez nous, d’une monarchie sans doute bien imparfaite, bien peu connue même, mais qui sembla du moins nous constituer en nation, et surtout la fondation, sous l’influence religieuse, plus puissante dès lors que celle monarchique, d’édifices dont il nous reste des vestiges, qu’il faut bien classer sous une dénomination quelconque. Or, il est incontestable qu’au ve siècle, le premier âge, celui des Grecs et des Romains, était entièrement consommé, quant aux arts, en France surtout.

  2. Cette habileté pour constater sa suprématie à mérite supérieur, égal, ou même inférieur, et pour user de l’influence qui s’y rattache, est inhérente à la caste sacerdotale. Elle a résisté, chez nous, aux nivellements d’éducation, aux railleries philosophiques comme aux mesures plus sérieuses de terreur et de despotisme. Conservée intacte depuis quatorze siècles dans nos contrées retirées, elle s’y perpétuera, malgré les nouvelles épreuves dont le temps présent paraît gros. Ailleurs même le triomphe de ce qu’on appelle les lumières ne sera jamais que temporaire, ainsi que nous l’avons déjà éprouvé. Les peuples ont, comme les hommes, leurs résipiscences, ou, si l’on veut, leurs retours de faiblesses, guidés qu’ils sont tous par cette réflexion d’instinct, en présence des inexplicables merveilles de la création : que le scepticisme ne mène évidemment à rien, mais que la crédulité peut conduire à quelque chose.