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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/16

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SUR L’HÔTEL DE CLUNY.

Qu’on nous pardonne cette digression, à l’appui de laquelle viennent les leçons évidentes puisées dans les gravures de ces époques, notamment dans la suite d’heures datée de 1488 à 1515, qui fait partie de la collection existant aujourd’hui dans l’hôtel de Cluny. Elle doit servir à expliquer le mélange de style qui se fait remarquer dans des constructions presque contemporaines cependant, de cet hôtel. Qui pourrait croire, en effet, sans ces démonstrations, que le travail des sculptures de la chapelle, clochetons, corniches, voussures, etc., et celui de la décoration extérieure, y compris même une partie des lucarnes et de la balustrade de droite, appartenant presque exclusivement au style sarrasin fleuri[1], n’ait précédé

    successive, prolongée et utilisée en France, d’artistes tels que Léonard de Vinci, Andrea del Sarto, il Rosso, il Primatitio, Nicolo dell’Abbate, Vignole, et tant d’autres peintres et sculpteurs romains et florentins dont les talents, par un heureux concours, étaient alors largement exploités par leurs propres souverains. Un témoignage plus irrécusable encore est celui de ce même Benvenuto, connu par sa susceptibilité et sa franchise cynique, et qui, dans ses mémoires, écrits bien postérieurement à son retour de France, où il passa quatre années, dit, tome 2, p. 69 : « Nous faisant gloire (lui et Guido Guidi, médecin florentin que François Ier s’attacha en 1541) d’acquérir des talents chacun dans notre profession, grâce à la générosité d’un prince si grand et si magnifique. » Et il ajoute : « Je puis, en vérité, dire que ce que j’ai fait de beau et de bon est l’œuvre de ce roi merveilleux. »

  1. Nous ne rouvrirons pas ici la discussion sur l’origine revendiquée par l’Allemagne du style qu’on est convenu d’appeler gothique, d’après les démonstrations obtenues, par la publication des dessins du Nilomètre, d’arcades ogives existant sur la