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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/198

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NOTES.

On parle, dans l’histoire de la ville de Lyon, d’un mystère joué en 1486, pour lequel « le chapitre de l’église ordonna 60 livres, » ainsi que d’un théâtre public, dressé en 1540, dans la même ville, où, « par l’espace de trois ou quatre ans, les jours de dimanche et les festes, après le disner, furent représentées la plus part des histoires du viel et nouveau Testament, avec la farce au bout pour recréer les assistants. Le peuple nommait ce théâtre le Paradis »[1].

Le parlement ayant, en 1540, rendu, par un arrêt, la maison de la Trinité à sa première destination, les confrères de la Passion s’installèrent à l’hôtel de Flandre, puis se décidèrent à acquérir l’hôtel de Bourgogne, où ils furent autorisés à s’établir, en 1548, mais sous la condition qu’ils ne joueraient que des sujets profanes, licites et honnêtes[2], et que les acteurs porteraient des masques selon leurs rôles, comme aux théâtres des anciens. Ces

  1. Ne serait-ce pas l’origine du nom donné dans nos salles de spectacle aux places mises à la portée du peuple ?
  2. Déjà depuis long-temps on avait autorisé, pour impressionner le peuple dans certaines crises politiques, la représentation publique de pièces puisées ailleurs que dans les livres saints, qui, certes, n’ont pas inspiré celle de Gringore, jouée aux halles le mardi-gras de l’année 1511, sous le titre du Prince des Sots. Dans cette pièce de circonstance, le pape Jules II, alors en guerre avec Louis XII, était bafoué, à raison de ses prétentions sur le temporel des rois, sans doute par ordre de ce monarque, qui comparait plaisamment à ce sujet l’excommunication d’un pape à l’infidélité d’une femme ; chose grave et terrible quand on la prend à cœur, mais sans importance quand on s’en soucie peu. Bien antérieurement, Philippe-le-Bel avait employé le même moyen contre Bonifiace VIII, en autorisant la représentation publique de la Procession du Renard.

    Saint-Foix, qui nous a conservé les traits principaux de ces pièces satiriques, rappelle d’ailleurs, tome 4, page 58, pour établir que nos meilleurs rois se montrèrent disposés à encourager l’art dramatique, ce que dit de Louis XII, le chancelier de l’Hôpital, dans une harangue d’ouver-