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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/23

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NOTICE

pouvait être un lieu d’asile comme appartenant au domaine royal ou à l’abbaye qu’il avait dirigée.

Ce qui demeure constant, d’après le témoignage des historiens de Paris, c’est qu’à partir surtout de 1601, les nonces du pape[1] établirent leur résidence habituelle à l’hôtel de Cluny, d’où ils pouvaient facilement, à raison de la proximité, influencer et diriger, dans l’intérêt de la cour de Rome, les assemblées de la faculté de théologie qui se tenaient à la Sorbonne.

Ce fut également à l’hôtel de Cluny qu’en 1625 l’abbesse de Port-Royal-des-Champs (près Chevreuse), Angélique Arnauld, ce prodige d’esprit, de savoir et de vertus[2], se réfugia avec ses sœurs, lors des premières persécutions qu’elles éprouvèrent dans cette guerre de nuances religieuses si consciencieusement soutenue et décrite par Racine, et qui, succédant à une guerre de principes, eut, à défaut de distractions plus graves, l’insigne honneur et l’heureux avantage d’occuper seule et de partager la France[3].

  1. Cette résidence des nonces, logés, à ces époques, ainsi que les ambassadeurs, aux dépens de nos rois qui, quelquefois même, leur faisaient partager leur propre lit, semblerait établir que l’hôtel de Cluny était une habitation dont le souverain avait la disposition directe ou indirecte.
  2. Abbesse de Port-Royal à 11 ans, elle y introduisit à 17 la réforme à laquelle elle parvint à soumettre, 10 ans plus tard, l’abbaye déréglée de Maubuisson, et cela par une continuation de soins et d’exemples, bien plus efficaces que des préceptes. Ce fut le 28 mai 1625, sous le règne de Louis XIII, qu’eut lieu cette installation temporaire à l’hôtel de Cluny.
  3. Selon M. Dulaure, ces religieuses, en venant habiter la maison de Cluny avec cour et jardin, ne fuyaient que l’insalu-