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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/241

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NOTICE

poids de ses épaisses murailles, sur un sol miné et évidemment excavé à plusieurs étages[1], sans rien perdre de son aplomb et de son intégrité. On s’étonnerait bien plus encore en reconnaissant avec nous que ce n’est qu’après avoir fatigué le temps et les hommes que ces masses indestructibles se trouvent encore debout ; nouveau motif d’admirer leur vigoureuse constitution, rebelle au marteau, et qui plus est, pour la grande voûte à si large portée, aux longues infiltrations résultant de la superposition immédiate d’un jardin planté d’arbres et en rapport depuis plusieurs siècles[2].

    aux bains. Nous avons dit que ce bassin était alimenté par les eaux de Rungis (ou d’Arcueil), dont les anciens tuyaux de conduite aboutissent à ce point, après avoir stationné, comme elles font encore aujourd’hui, dans la partie du palais sur laquelle l’hôtel de Cluny a été élevé.

  1. Indépendamment des caves placées immédiatement sous les salles, et dont une, la première, est à voûte plate, il y a des souterrains inférieurs communiquant jusqu’à la Seine, vers l’entrée du Petit-Pont, avec traces continues de constructions, ainsi que l’a reconnu M. de Caylus (Recueil d’antiquités, t. II, p. 373). Un éboulement qui eut lieu il y a environ soixante ans, sur l’emplacement des Mathurins, fit également reconnaître ces communications souterraines, interrompues maintenant par des décombres et par des travaux de soutènement.
  2. Nous verrons plus loin que Jean de Hauteville célébrait en 1180 l’élévation de ce palais dont les cimes se perdaient dans les nues. La salle des Thermes, partie tout accessoire de l’édifice, était-elle dès lors, et peut-être dès l’origine, surmontée d’une terrasse plantée et suspendue comme les jardins de Sémiramis ? ou n’est-ce que par suite de la destruction des combles que le désir d’utiliser cette surface solide l’aura fait garnir de terre et planter d’arbres ? Ce jardin, que nous avons vu, était d’un tout autre effet que l’ignoble chaperon dont ces ruines sont maintenant affublées ; mais peut-être la voûte était-elle compromise. L’autre jardin dont parle Piganiol comme « existant vers 1700, sur une terrasse fort élevée dans la partie de l’hôtel Cluny communiquant aux Thermes, » fut anéanti avec la voûte qui le supportait, en 1737. (V. Mémoires de l’Académie des inscriptions, tom. XX, p. 679.)

    Si ces deux jardins se formèrent seuls, comme ou l’a écrit, de détritus