Aller au contenu

Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
NOTICE

monumentales, nous eussions été en mesure d’élever une clameur nationale contre le vandalisme, de pousser

    au sein de la Convention encore effervescente, au nom d’un comité et par l’un des principaux fondateurs du gouvernement républicain, qui comptait à peine alors deux années d’existence, semblaient devoir fournir de profonds enseignements aux générations suivantes, et cependant nous avons vu et voyons encore chaque jour… Mais revenons à notre spécialité.

    Les objets d’art de nos époques, dont le rapport du 24 frimaire an iii, seulement, constate l’anéantissement ou la mutilation, sont : « à Nancy, pour cent mille écus de tableaux et de statues détruits en quelques heures ; à Sens, le beau monument du chancelier Duprat, des statues colossales de la cathédrale, et une foule d’autres statues et de bas-reliefs des 13e et 14e siècles ; à Saint-Étienne-du-Mont à Paris, trois bas-reliefs en marbre de Germain Pilon ; à Mayenne, une belle Descente de croix en marbre, brisée sans espoir de restauration (elle était sans doute du même ciseau des Pilon, qui couvrirent le Maine, leur patrie, de tant de monuments) ; à Gisors, les superbes vitraux de l’église criblés de pierres, grâce au soin préalable qu’on avait pris de démonter les treillages préservatifs ; à Saint-Maur-les-Fossés, un superbe bas-relief représentant une fête ; à Vallery près Sens, un mausolée dont la municipalité échangea les cuivres contre 400 livres en assignats et un écot bachique de 60 livres ; à Strasbourg, les statues de la cathédrale tombant par milliers sous le fer destructeur ; à Meudon, à Soissons, à Mortfontaine, à Port-Malo, à Saint-Lô, à Coutances, à Port-Brieux, à Treguier, à Alby, etc., etc., des dévastations, mutilations, broiements d’archives, etc. •

    Et cependant, sur un rapport du même Grégoire, appuyé des observations de Fourcroy, qu’il y avait une foule de monuments sous les scellés dévastateurs », cette même Convention avait rendu, le 14 fructidor an ii, un décret qui, rappelant celui bien oublié sans doute du 13 avril 1793, infligeait « la peine de deux ans de détention à ceux qui seraient convaincus d’avoir, par malveillance, détruit ou dégradé des monuments des arts on des sciences. »

    Nous ne terminerons pas cette longue note sans citer à la suite de notre analyse les deux phrases suivantes, tirées des conclusions du grand rapport de Grégoire, au risque de faire dire aux plaisants que, sous certains rapports du moins, nous pensons comme… ce rapporteur. « Trop tard on s’est occupé des édifices gothiques qui, par le merveilleux de leur construction, la légèreté de leurs colonnes et la hardiesse