Aller au contenu

Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
HÔTEL DE CLUNY.

Arrêtons-nous un moment sur deux échantillons qui, bien que remontant au moins au milieu du 15e siècle, ont, au premier aspect, le caractère imprimé par Raphaël à ses ouvrages immortels.

L’un est un bas-relief en faïence émaillée, la Vierge et l’Enfant Jésus, ouvrage de Luca della Robbia[1], inventeur du procédé d’application de l’émail à la terre cuite. Ces belles productions, rares en France[2], sont très-recherchées, même à Florence, patrie de cet artiste, dont la réputation n’a pas souffert de la fragilité de ses ouvrages.

L’autre, où les airs de tête de Raphaël et le sentiment de la venue de ce messie sont encore plus sensibles, est la grande vignette peinte sur soie à l’eau d’œuf, représentant les pèlerins d’Emmaüs et l’incrédulité de saint Thomas. Or, d’après les listels, le caractère d’écriture des légendes et l’emploi du procédé, cette peinture doit avoir précédé peut-être d’un siècle l’apparition du grand maître qui s’est approprié, en l’épurant, tout ce que l’école anté-

  1. Vers 1450, Florence possédait trois peintres et sculpteurs, du nom della Robbia, Luca et Auguste, deux frères, et André, leur neveu, s’occupant en même temps de la sculpture émaillée, inventée par Luca, qui partagea avec Donatello et Ghiberti la gloire de la révolution qui s’opéra dans la sculpture, en Italie, au 15e siècle. La réunion d’efforts de ces trois artistes, qui concoururent, dans un autre genre, à l’exécution des belles portes du Baptistère de Florence, explique le nombre assez étendu de ces bas-reliefs fragiles existant encore.
  2. Nous ne connaissons à Paris que deux autres échantillons de ce travail ; l’un au Musée, et l’autre faisant partie de l’admirable collection universelle de M. le comte Pourtalès.