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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/95

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HÔTEL DE CLUNY.

moges, mettent en présence, d’une manière tranchée, l’enfance de l’art et sa perfection. On voit synoptiquement ce qu’il a gagné par l’étude seulement, ces sculptures du 14e siècle laissant peu à désirer comme caractère et comme sentiment.

Par une simple conversion, nous voici devant la porte d’entrée, dont les Chambranles, formés de quatre figures en bois, de haut style, dans le caractère de dessin du Primatice, encadrent des portières éblouissantes par l’éclat des couleurs. Leur amalgame, sans dessin arrêté, à la manière des Orientaux, produit un ensemble des plus harmonieux. C’est à jurer que ces tapisseries sortent du métier. Il est vrai qu’elles étaient restées soigneusement enveloppées dans des aromates.

Des trois grands Meubles en noyer qui se présentent successivement, deux, quoique variés dans leurs détails, et provenant de contrées opposées, ont certainement été au moins composés par le même artiste, école de Jean Goujon ; quant à celui du centre, il est et sera toujours hors ligne, comme travail et richesse de détails. On s’étonnera moins de ce résultat, en apprenant qu’il est du au concours de travail des moines de l’abbaye de Clairvaux[1], sous Henri II, qui, d’après la tradition, l’offrirent à titre de bouquet de fête à leur abbé. Resté dans la chambre abbatiale, comme témoignage du talent et du bon emploi des loisirs des frères, jusqu’à l’époque de la conversion en filature de cette célèbre abbaye devenue aujourd’hui une célèbre prison, c’est presque directement et par

  1. Voir la note 1 de la page 55, sur le travail des moines et sur les écritoires de l’abbaye de Clairvaux.