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Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/470

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sévérité : ils firent les plus exactes perquisitions, et ceux des lettrés qu’on trouvait avoir conservé des livres si chers et si respectés, furent tous punis de mort. On ne laissa pas d’en sauver quelques exemplaires, ainsi que je l’ai expliqué ailleurs. Mais cet édit de l’empereur, et la cruauté qu’on exerça pour le faire exécuter, rendirent son nom et sa mémoire exécrables à la postérité. La perte de ces anciens monuments, excite encore aujourd’hui les regrets de tous les Chinois.

L’empereur après vingt-cinq années de guerres, jouissait d’une paix profonde : il changea plusieurs lois anciennes, et en fit de nouvelles pour le gouvernement de son État. Comme il avait plusieurs enfants, quelques-uns de ses ministres lui conseillèrent de donner aux cadets des provinces en souverainetés. L’empereur rejeta ce conseil, en leur faisant voir les troubles et les désordres, qu’avaient causé dans l’empire ces principautés accordées par les empereurs des races précédentes, à leurs enfants, ou à leurs neveux.

Il régla qu’on bâtirait des palais dans différentes villes pour ces jeunes princes, qu’ils y seraient entretenus aux dépens de l’empereur, qu’on leur rendrait le respect que mérite leur naissance, mais qu’ils n’auraient aucune autorité sur les peuples. C’est un usage qui a presque toujours été observé jusqu’à ces derniers règnes, qu’on a fixé leur séjour à la capitale et à la suite de la Cour.

Chi hoang ti qui n’était pas accoutumé au repos, voulut visiter une seconde fois les provinces orientales de l’empire. Son second fils obtint la permission de le suivre : l’empereur fut attaqué durant sa route d’une maladie dangereuse et il mourut la trente-septième année du cycle.

Se sentant près de sa fin, il écrivit une lettre à son fils aîné, qu’il déclarait empereur, et la remit à son second fils avec les sceaux de l’empire, pour les lui faire tenir sûrement. Mais ce jeune prince, aussitôt après la mort de son père, ne songea qu’à se mettre la couronne sur la tête.

Le moyen d’y réussir était d’intéresser dans cette affaire Li sseë, qui ayant été premier ministre de Chi hoang ti, avait une grande autorité.. Il rejeta d’abord la proposition qu’on lui en fit ; mais enfin de nouvelles instances, son propre avantage, et le mérite du prince le gagnèrent.

L’estime qu’on avait pour ce ministre, entraîna presque tous les suffrages ; le fils aîné de l’empereur ayant ramassé quelques troupes pour soutenir son droit, trouva que toutes les provinces avaient déjà reconnu son cadet : il fut contraint de céder ; mais les démarches qu’il avait faites, furent regardées comme un crime de lèse-majesté, et il reçut l’ordre de se donner la mort.