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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/184

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de leur rendre, comme s’ils vivaient encore, apprennent de bonne heure ce qu’ils doivent de soumission de d’obéissance, à leurs pères encore vivants.

Leurs anciens sages ont été convaincus, que ce profond respect qu’on inspire aux enfants pour leurs parents, les rend parfaitement soumis ; que cette soumission entretient la paix dans les familles ; que cette paix qui règne dans les familles particulières, produit le calme et la tranquillité dans les villes ; que ce calme empêche les révoltes dans les provinces, et met l’ordre dans tout l’empire ; c’est pourquoi ils ont prescrit tout ce qu’on doit observer dans le temps du deuil, dans les funérailles, et dans les honneurs qu’on doit rendre aux parents défunts.


Du deuil et du temps de sa durée.

Le deuil ordinaire doit durer trois ans, qu’on réduit communément à 27 mois ; et pendant ce temps là, on ne peut exercer aucune charge publique ; un mandarin est obligé de quitter son gouvernement ; et un ministre d’État, le soin des affaires de l’empire, pour vivre dans la retraite, et ne s’y occuper que de sa douleur et de la perte qu’il a faite, à moins que l’empereur pour de grandes raisons ne l’en dispense, ce qu’il fait très rarement ; ce n’est qu’après les trois ans expirés, qu’il lui est permis de reprendre son emploi.

Ces trois années passées dans la tristesse, marquent la reconnaissance qu’ils ont des soins que leurs parents ont pris d’eux, pendant les trois premières années de leur enfance, où ils avaient besoin d’un secours continuel. Le deuil des autres parents est plus ou moins long, selon le degré de parenté.

Cette pratique s’observe si inviolablement, que leurs annales conservent précieusement le souvenir de la piété de Ven kong roi de Cin : ce prince avait été chassé des États de son père Hien kong, par les adresses et les violences de Li ki sa marâtre ; il voyageait en divers pays pour dissiper son chagrin, et pour éviter les pièges que cette femme ambitieuse ne cessait de lui tendre, lorsqu’il fut averti de la mort de son père, et appelé par Mo kong, qui lui offrait des soldats, des armes, et de l’argent, pour se mettre en possession de ses États ; sa réponse fut, qu’étant un homme mort depuis sa retraite et son exil, il n’estimait plus rien que la vertu de la piété envers ses parents ; que c’était là son trésor ; et qu’il aimait mieux perdre son royaume dont il était déjà dépouillé, que de manquer aux derniers devoirs de piété, qui ne lui permettaient pas de prendre les armes en un temps destiné à la douleur, et aux honneurs funèbres qu’il devait à la mémoire de son père.

Le blanc est la couleur des habits de deuil, et parmi les princes et parmi les plus vils artisans ; ceux qui portent le deuil complet, ont leur bonnet, leur veste, leur surtout, leur bas, leurs bottes de couleur blanche. Dans les premiers mois du deuil qu’ils portent de leur père ou de leur mère, leur habit est une espèce de sac de toile de chanvre, rousse et fort claire, à peu près semblable à nos toiles d’emballage ; une espèce de corde éparpillée leur sert de ceinture : leur bonnet dont la figure est assez bizarre, est aussi de toile de chanvre. C’est par cet air lugubre, et par cet extérieur