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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/252

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désigne un nouvel empereur : c’est ce qui a trompé quelques Européens, qui connaissaient peu les usages de cet empire, et ce qui leur a fait augmenter le nombre des empereurs. L’empereur Cang hi est peut être le seul, qui sous un des plus longs règnes qu’on ait vu, n’ait point affecté de se donner de semblables titres.

On voit marqué sur d’autres monnaies, les noms ou de la famille régnante, ou du tribunal qui a présidé à la fabrique de la monnaie, ou bien de la ville où elle a été fabriquée. Quelques-unes marquent le prix auquel le prince les a taxées : il y aura, par exemple pour inscription ces mots pouan leang, qui signifient, demi tael. On en voit une où l’inscription est assez singulière : on y lit ces quatre caractères : kouei yu tching ti : c’est-à-dire, la monnaie a cours, et enfin elle revient au prince.

A l’égard des monnaies anciennes, telles que sont les pou, les tao, et d’autres semblables, on a de la peine à en déchiffrer les caractères : les plus habiles Chinois avouent ingénuement, que non seulement ils ne les connaissent pas, mais qu’ils ignorent même en quel sens ils doivent être situés.

Il y a de ces monnaies qui sont couvertes de figures, et l’on juge qu’elles sont des temps les plus reculés, et que pour éviter la peine de la dépense, on s’est borné dans la suite à des inscriptions plus simples, telles que sont les caractères. On en trouvera trois gravées, dont le métal est mélangé d’argent et du bel étain de la Chine ; L’une qui est ronde et qui pesait huit taels, représente un dragon au milieu des nuages ; l’autre d’une formé carrée, où l’on voit un cheval qui galope : elle était du poids de six taels. La troisième est oblongue, et a la forme du dos d’une tortue : on y lit sur chaque compartiment la lettre vang qui veut dire roi ; celle-ci ne pesait que quatre taels.

Un certain auteur attribue l’invention de cette monnaie à Tching tang, fondateur de la dynastie Chang. Les caractères qui étaient sur le revers sont effacés. Les Chinois donnent des sens mystérieux à ces représentations. La tortue, disent-ils, marque ceux qui rampent à terre. Le cheval désigne ceux qui y tiennent moins, et qui s’élèvent de temps en temps ; et le dragon volant, est une image de ceux qui sont tout à fait détachés de toutes les choses terrestres. On voit d’autres monnaies anciennes avec des dragons ; c’est sans doute parce que le dragon est le symbole de la nation chinoise, de même que l’aigle était le symbole des Romains.


Du prix des monnaies.

Il n’est pas aisé d’éclaircir quel était le juste prix de ces monnaies anciennes : il devait dépendre, ce me semble, et de la qualité du métal, et de son poids : mais c’est à quoi on n’a pas toujours eu égard : les princes qui les taxaient, les ont souvent haussé ou baissé selon les conjonctures où ils se trouvaient, et selon que les espèces devenaient plus rares.

Mais pour mieux connaître le prix des monnaies, soit anciennes, soit nouvelles, il faut savoir que la livre chinoise est de seize onces, que les Chinois appellent leang, et les Portugais tael : le leang se divise en dix parties nommées tsien, que les Portugais appellent Maz. Le tsien ou le maz se divise en dix fuen qui sont dix sols : le fuen ou le sol se divise en