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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/396

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généraux, que fait une fois chaque année le mandarin d’une ville du second et du troisième ordre et ensuite le mandarin de la ville du premier ordre, dont ces villes dépendent. Ce double examen annuel se fait dans un district, pour choisir les jeunes étudiants, qui seront admis à composer cette année-là, devant le mandarin de lettres envoyé exprès de la cour, avec pouvoir de donner le grade de sieou tsai, c’est-à-dire de bachelier, à un certain nombre pour chaque ville, plus ou moins, selon l’étendue du district, ou plutôt selon la multitude des étudiants.

Le tao de la ville de Iao tcheou, qui est en même temps gouverneur, ou plutôt intendant de deux autres villes du premier ordre, n’ayant à juger que des affaires considérables, a plus de loisir : aussi fait-il régulièrement ces sortes d’examens particuliers. C’est par là qu’il se pique d’imiter les sages des siècles passés. De plus ces tao, ou surveillants de trois villes, qui feraient une grande province de France, n’ont pas communément occasion d’amasser beaucoup d’argent : ainsi s’ils n’ont pas à la cour un puissant appui, c’est par leur seule probité, qu’ils peuvent monter à un rang supérieur. Grand motif pour un Chinois de faire parade de sa vertu, et de son zèle pour le bien public.

On se plaint avec raison dans le chapitre précédent, que les sieou tsai ne songent qu’à parcourir les audiences, et à solliciter des procès dans les tribunaux : plusieurs ne vivent que de ce métier, et des grâces qu’ils demandent aux mandarins, dont ils peuvent approcher librement à cause de leur degré ; et de ces grâces qu’ils demandent, ils en font un trafic auprès du petit peuple. Certains mêmes ne visent au degré de lettrés, que pour pouvoir faire ce commerce. Les mandarins intègres, ou fort autorisés, se mettent au-dessus des sollicitations des gradués, refusent leurs visites et leurs requêtes. Les autres mandarins, ou par faiblesse, ou par crainte, les ménagent, de peur qu’ils ne révèlent leurs injustices secrètes aux mandarins supérieurs. Ainsi leur langue et leur plume sont redoutées.

L’empereur régnant bien instruit qu’il y avait en effet du désordre sur ce point, y a apporté le remède le plus efficace, pour les empêcher de se mêler d’aucune affaire, et de paraître dans les tribunaux sans de grandes raisons personnelles. 1° Ils doivent avoir quatre personnes qui répondent de leurs mœurs et de leur conduite. 2° Ils ne peuvent présenter au gouverneur des lieux aucune requête, même pour leurs propres affaires, qu’elle n’ait été vue et approuvée par le mandarin des lettrés, lequel, s’il usait de connivence, serait infailliblement cassé de son emploi.