Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/403

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nature et le cœur de l’homme et sur l’histoire : enfin le dernier sujet sera des rits, de l’éloquence, et du bon gouvernement. Ces sujets étant arrêtés par le président, il en conférera avec le syndic et les autres qui sont en charge, afin d’établir en général le fond de doctrine de chaque sujet. Ensuite cinq jours immédiatement avant celui des assemblées, il communiquera à tous les académiciens les matières déterminées. Cette précaution mettra chacun des académiciens en état d’approfondir le sujet, et de le traiter savamment et clairement ; lorsqu’ils seront arrivés dans la salle, ils conféreront ensemble, et se proposeront leurs difficultés les uns aux autres ; c’est là le moyen de croître et de profiter dans les sciences.


XI

Remarquer avec soin, et communiquer avec fidélité ses différentes vues. Grande ouverture de cœur. C’est dans les cœurs des hommes qu’il faut chercher la sagesse ; c’est là qu’elle réside et c’est par les actions qu’elle se prouve et se manifeste. Il serait bon que les académiciens se communiquassent avec candeur les uns aux autres, ce qu’à chaque jour ils ont fait d’une assemblée à l’autre, et même leurs vues et leurs sentiments intérieurs. À cette fin il faudrait être exact à mettre tout cela sur le papier : ce cahier s’appellerait Journal de ce qu’on a appris ou fait tel et tel jour. Quant aux actions, on écrirait fidèlement sur son livre les bonnes, hoe chen, et les mauvaises, hoe kuo. Ensuite le jour de l’assemblée, l’entretien étant fini, chacun tirerait ses mémoires, et en ferait part aux autres ; ce serait la matière d’une dissertation utile. Cet examen étant continué durant quelque temps, on verrait augmenter considérablement et ses lumières et ses forces pour le bien : les défauts de l’esprit et du cœur peu à peu se réduiraient presque à rien. Ce point-ci est pour vous autres lettrés d’une conséquence infinie, soit par rapport à la perfection des sciences, soit pour l’acquisition de la vertu, qui demande tous nos soins et toute notre application. Que si dans cette pratique on ne songe qu’à exagérer le peu de bien qu’on aura fait, et à déguiser, ou même cacher le mal : si l’on use de paroles artificieuses, qu’avance-t-on ? On apprend à devenir un trompeur d’habitude. De tels gens ne parviendront jamais et l’on peut conclure de leur procédé, qu’ils demeureront toujours dans leur ignorance et dans leurs imperfections.


XII

Diverses règles de mœurs pour les académiciens. 1° Qu’ils respectent ceux qui leur sont inférieurs, et par la condition et par le mérite, c’est pourquoi ils s’appliqueront à déraciner l’orgueil du cœur. 2° Qu’ils estiment la vraie apathie[1] et ainsi qu’ils travaillent à détacher et à vider leur cœur de toute mauvaise affection. 3° C’est la constance qui fait le vrai mérite de la vertu : bannissons donc du cœur la paresse. 4° Le propre de l’homme est d’être libre dans ses choix ; par conséquent réprimons les saillies, les impétuosités, les trop grands empressements. 5° La paix et la tranquillité de l’âme est d’un grand prix. Ne permettons point à notre

  1. L’apathie des bonzes qui est généralement pour tout, est condamnée.