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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/452

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Peu de jours avant sa dernière maladie, il témoigna les larmes aux yeux à ses disciples, qu’il était pénétré de douleur, à la vue des désordres qui régnaient dans l’empire. La montagne est tombée, leur dit-il, la haute machine est détruite, on ne voit plus de sages. Il voulait leur faire entendre que l’édifice de la perfection, qu’il s’était efforcé d’élever, était presque renversé. Il commença dès lors à languir, et le septième jour avant sa mort, se tournant du côté de ses disciples : Les rois, dit-il, refusent de suivre mes maximes ; je ne suis plus utile sur la terre, il faut que je la quitte.

Après ces paroles, il tomba dans une léthargie, qui dura sept jours, au bout desquels il expira entre les bras de ses disciples. A la première nouvelle de la mort du philosophe, Ngai cong, qui régnait pour lors dans le royaume de Lou, ne put retenir ses larmes. Le Tien n’est pas content de moi, s’écria-t-il, puisqu’il m’enlève Confucius. En effet, les sages sont des dons précieux que le Ciel fait à la terre, et c’est en les perdant qu’on en connaît mieux le prix.

On lui bâtit un sépulcre proche de la ville de Kio fou, sur les bords de la rivière Su, dans le lieu même où il avait accoutumé d’assembler ses disciples. On a depuis fermé cet endroit de murailles, et il ressemble maintenant à une ville. Il fut pleuré de tout l’empire, et surtout de ses disciples, qui prirent le deuil, et qui le regrettèrent, comme ils auraient fait leur propre père. Ces sentiments pleins de vénération qu’on avait pour lui, n’ont fait qu’augmenter dans la suite, et on le regarde encore aujourd’hui comme le grand maître, et le premier docteur de l’empire.

Il était d’une taille haute et bien proportionnée : il avait la poitrine et les épaules larges, l’air grave et majestueux, le teint olivâtre, les yeux grands, la barbe longue et noire, le nez un peu aplati, la voix forte et éclatante. Il lui était venu au milieu du front une tumeur, ou une espèce de bosse, qui le rendait un peu difforme, ce qui avait porté son père à le nommer Kieou, qui signifie petite colline. C’est aussi le nom qu’il se donnait quelquefois lui-même par modestie, et pour s’humilier.

Mais c’est surtout par ses ouvrages qu’on peut bien le connaître. Il y en a principalement quatre qui sont dans la plus grande estime, parce qu’ils renferment ce qu’il a ramassé sur les lois anciennes, qu’on regarde comme la règle du parfait gouvernement, quoique pourtant le dernier soit plutôt l’ouvrage de Mencius son disciple. Le premier de ces livres s’appelle Ta hio, qui veut dire la grande science ou l’école des adultes. On nomme le second Tchong yong, qui signifie le milieu immuable, ce juste milieu qui se trouve entre deux choses extrêmes, et en quoi consiste la vertu. Le troisième se nomme Lun yu ; c’est-à-dire, discours moraux et sentencieux. Enfin le quatrième est intitulé Meng tseë ou Livre de Mencius : l’auteur y donne l’idée d’un parfait gouvernement.

À ces quatre livres on en ajoute deux autres, qui sont dans une réputation presque égale. Le premier qu’on nomme Hiao king, c’est-à-dire, du respect filial, contient les réponses que Confucius fit à son disciple Tseng, sur le respect qui est dû aux parents. Le second s’appelle Siao hio, c’est-à-dire,